MES DEBUTS
Je suis passionné par les oiseaux depuis la petite enfance,
tourterelles, pigeons, pies, chardonnerets, serins cinis, verdiers...furent
mes amis ailés de jeunesse.
A 20 ans (en 1964), mes premiers canaris jaunes huppés et
ces inoubliables nichées restent encore dans ma mémoire.
A 24 ans, marié et papa, je visitais pour la première
fois une exposition ornithologique qui m’a sidéré. Je fis
l’acquisition d’une magnifique femelle isabelle pastel argenté (92
points championne du Sud-Ouest en stam). C’était en 1968. Aussitôt
je m’inscrivais au club et m’abonnais à des revues qui me permirent
de m’initier un peu car les divers livres achetés auparavant étaient
totalement dépassés.
Une évidence : la canariculture était alors en pleine
évolution.
Après deux ans de « galère régionale
»,,j’ai commencé à sortir de ma province. Contact avec
le père des mosaïques nouveau type, l’italien M Barbero ; contact
à Paris avec M Aschéri pour les opales, pastels, inos et
satinés ; et avec M Dalmasso d’Antibes dont je garde un très
bon souvenir pour des rouges lipochromes (champion du monde à la
fin des années 60).
Mes premiers titres furent en 1972 et 73 champion du Sud-Ouest.
Le plus beau fut le titre de champion de France et de deuxième à
Poitiers en 1974 avec un stam de femelles mosaïques rouges et un stam
de rouges non intensifs. Mes oiseaux avaient battu un stam de rouges intensifs
qui deux mois plus tard devenaient champion du monde en Belgique. J’avais
eu quelques regrets. Anecdote sur ce national : ayant laissé échapper
ma meilleure femelle le matin de l’expédition j’avais failli ne
pas exposer. Mes oiseaux arrivèrent en retard au concours.
Ma première désillusion fut au mondial d’Antibes en
Janvier 74 où j’avais exposé l’unique stam du concours en
satiné blanc. Ces oiseaux ayant gagné partout j’avais quelques
espoirs. Cela me valut quelques amitiés en plus d’un séjour
inoubliable avec des éleveurs belges dont Mme et M Philippe (futur
président de la C.O.M.) : des personnes formidables.
Fort de l’expérience de M Barbero (croisement de mosaïque
ancien type x gloster = mosaïque nouveau type), j’expérimentais
certains accouplements : mosaïque Nouveau Type x divers lipos et avec
divers mélanines classiques ou de couleurs nouvelles. En plus je
tentais diverses hybridations dites + ou - fécondes (lizard, serin
cini, tarin du Vénézuéla) et certaines dites stériles
comme mâle canari satiné x femelles chardonneret ou verdier.
Je cédai certains de ces hybrides à des éleveurs connus,
mais tous ces oiseaux furent stériles.
Toutes ces tribulations, panachages etc ne donnèrent de résultats
qu’en 74 en lipo mosaïque rouge NT et en 75 et 76 pour les mélanines
mosaïques NT avec des titres de champion international à Paris
(concours qui était très prisé à l’époque).
MON IDEE SUR LE FACTEUR B
Lors de ces panachages je me suis forgé l’opinion que le
facteur B n’est pas un seul gène ayant à la fois une action
sur la phaéomélanine et une action sur la tonalité
du lipochrome par le biais de la structure de plume. Une nouvelle forme
de plume (non fixée héréditairement) venait de naitre
: elle était plus réceptive quantitativement et qualitativement,
plus de noir ou plus de brun ou plus de phaéomélanine. Sur
certains bruns panachés, les plages lipochromiques étaient
jaune citron malgré la présence de plus ou de moins de phaéomélanine
brune.
Pour mémoire, on dit souvent (en utilisant la notation universelle
de 1970) :
Facteur B+ = facteur brun indépendant provoquant
la phaéomélanine.
Facteur B = gène muté de B+ = facteur bleu
ou facteur structural : il transforme la phaéomélanine en
eumélanine et la couleur jaune devient citrin.
LE LANCEMENT DE L’INO MOSAIQUE
En ces années là quand je parlais de l’ino mosaïque
on me qualifiais souvent d’illuminé ou de plus encore. Certains
avaient fait des associations géniques erronées et pensaient
que l’ino était inconciliable avec un bon facteur mosaïque.
J’obtenais mon premier phaéo rouge mosaïque (ino) en 76 ou
77. Mon amie Annie Filleul fut une des rares à le voir. Elle était
assez jeune éleveuse mais passionnée. Dix ans plus tard elle
écrivit un livre intéressant sur les oiseaux. Dommage qu’elle
inventa d’autres symboles géniques. Mon premier phaéo mosaïque
jaune (un ivoire) vit le jour en 78. Je n’exposais ces oiseaux en jaune
lors du championnat qu’a Antibes en 1981 après un « break
» de trois ans suite à certaines vilenies plus ou moins gratuites.
Malgré quelques titres de champion de France et places d’honneur,
j’étais déçu de n’avoir pas pu exposer un stam de
phaéo rouge mosaïque. Maintenant je prépare mieux mes
oiseaux pour les concours : 1 par cage ( 4 mâles ensemble, attention
les dégâts : un mort et des abîmés). J’avais
par contre exposé une superbe brune mosaïque jaune porteuse
ino qui était citrin c’est à dire avec un lipochrome très
citron et une femelle agate opale mosaïque rose ivoire. On a parfois
quelques raisons de se rappeler certains oiseaux.
LA DECENNIE 80
En 83 le championnat de France était dans ma ville : Toulouse.
Plusieurs titres dont un en agate mosaïque rouge femelle qui fit la
couverture d’une revue. 1984 fut traumatisant : incendie suspect d’un bâtiment
où j’avais des oiseaux en préparation ainsi que mes très
bons sujets reproducteurs. Je décidais alors de faire en fond jaune
ce que j’avais déjà réussi ou ce que j’avais en préparation
en mélanines fond rouge mosaïque. J’exposais ainsi le premier
noir opale mosaïque jaune à Marseille en 1986 : champion international.
S’il n’était pas parfait, il avait le mérite d’avoir une
bonne plume... car là aussi on disait que..... A cette occasion
M Aschéri me félicita pour la qualité de mon stam
de phaéo mosaïque jaune (venant de lui, j’avais quelques raisons
d’être satisfait). J’avais en plus fini premier de ce concours au
nombre de titres.
Puis j’ai eu un « raz le bol » l’année d’après
pour des raisons mineures (mais à force on disjoncte) et je décidais
d’arrêter l’élevage. J’offrais mes 70 meilleurs sujets à
un ami + quelques coupages de tarin du Venezuela et autres à d’autres
éleveurs. Le soir de mon « enterrement oiseaux » nous
avions invité à dîner plusieurs amis éleveurs.
Au cours du repas, ma femme, me sentant malheureux (elle sait que ma passion
est viscérale) nous annonça qu’elle allait s’occuper de quelques
couples de canaris. Ce fut un moment pathétique. Elle qui avait
souvent pesté contre les oiseaux, qui paraissait satisfaite que
je cesse l’élevage proposait maintenant l’incroyable (par pitié
? ou par ? ?).
Il ne me restait alors que quelques bruns mosaïques rouges
et bruns opales mosaïques jaunes (oiseaux où il y avait encore
beaucoup de travail à faire) + quelques oiseaux plus ou moins vieux.
En trois ans elle fit quelques titres de champion de France et deux places
d’honneur au mondial de Berne en stam de brun opale jaune mosaïque
femelles et en stam d’agate opale jaune mosaïque mâles. Ces
oiseaux étaient jugés en compétition avec les fond
rouge à cette époque donc dur dur de faire des médailles.
MON RETOUR A L’ELEVAGE
Je repris les rennes de notre élevage cette année
là et fis 3ème et 4ème au mondial avec des stams de
noir opale et brun opale en jaune mosaïque derrière des fond
rouge. Je n’ai pu exposer l’année suivante à cause des contraintes
vétérinaires liées à des épidémie
de maladie de Newcastle chez les volailles. Ensuite je fis quatre titres
de champion du monde et quelques places de deuxième et troisième.
Les nombreux autres titres (nationaux et internationaux) ne sont plus comptabilisés.
MES VOEUX
Que la formulation chromosomique
type Verkamp soit revue et complétée.
Pour le mondial que
les classes soient réajustées. Par exemple dans une classe
où il y a plusieurs séries (types différents en compétition)
qu’on puisse exposer plus d’oiseaux en individuel. Par exemple en opale
on peut seulement engager 3 individuels alors que choisir (un noir, un
agate, un brun ?). C’est frustrant quand on travaille ces 3 séries.
Il est par contre anormal qu’en stam cela soit illimité (8 ou 10
stams en blanc ou en rouge du même éleveur).
MES REGRETS
Que la phaéomélanine
ne soit pas plus sérieusement pénalisée
sur les bruns striés. Je dis cela depuis 20 ans au moins. La striation
est liée au sexe. La phaéo est libre !
Il est absurde de dire le noir eumélanique et le brun quelqu’il
soit = phaéo. Certes c’est une minorité mais c’est anormal.
L’eumélanine brune est liée au sexe comme la noire.
Sur les agates :
des stries souvent trop larges dues à une structure de plume trop
molle.
Sur les bruns et les noirs
(surtout en mosaïque) : des stries excessivement larges
pour le même motif de structure de plume. Cela limite même
le nombre de stries. Ces oiseaux auraient-ils moins de plumes ? Tout excès
est néfaste.
Sur les mosaïques
(lipochromes et certains mélanines). Je ne suis pas d’accord
avec des mâles et femelles « pseudo-hermaphrodites »
= mâles de type femelle et femelle de type mâle. Nous ne pourrons
jamais fixer un type. Les gènes de localisation mosaïque ne
sont plus respectés actuellement sur les mâles spectaculaires
de concours (grand masque et quasiment plus rien en poitrine). Ces mâles
qui ne peuvent pas engendrer de bonnes femelles ne sont pas de bons mâles.
MES CONVICTIONS PERSONNELLES
Depuis plus de 20 ans je ne crois pas à l’homogénéité
de couleur de l’eumélanine noire des canaris de type noir. Pour
l’instant rien n’a été prouvé. Bien au contraire !
Ce qui paraît noir n’est pas forcément du noir pur. Je tenterais
de démontrer un jour ce que j’avance..... avec le risque de me faire
vilipender.
Tant que j’y suis, pour mettre un peu d’huile sur lefeu :
n+ = noir eumélanique
rb+ appelé facteur oxydant est à mon sens
le brun eumélanique
n et rb étant la dilution variable de chacun des deux gènes
n+ et rb+. C’est pour cette raison qu’un isabelle
à dessin plus ou moins dur peut être grisâtre ou brunâtre
ou beige (mélange 50-50 de gris et de brun clair) suivant les accouplements
avec la sous-plume qui sera de tonalité variable du foncé
au clair.
J’ajouterai que le type de l’oiseau peut être variable à
cause du « quantitatif mélanique » et en fonction de
la structure de plume. Ainsi il est très possible de créer
des agates très noirs (tête sans la zone sourcilière
typique, etc) et à l’inverse des bruns avec un éclaircissement
frontal etc. Le gène n+ peut s’exprimer à la puissance
10 ou 8 ou 6 et idem pour le rb+. Pareil pour n et rb.
C’est pourquoi la plume fine ou semi-large est la seule intéressante.
La plume large ne devrait être employée que sur les oiseaux
de travail. Par exemple, si on depigmente trop, le dessin de tête
s’amenuise ou disparaît alors on peut revenir sur un oiseau à
plume plus large.
EN CONCLUSION
Je dirai : « les dogmes, s’ils sont immuables... aucun en
fait n’est établi. Si l’on croit en certaines idées, il faut
persévérer tant que l’on ne vous démontre pas le contraire.
»
Didier Biau vient de vous
faire partager le feu intérieur qui l’anime. Cette passion des canaris
couleurs il la poursuit maintenant dans sa fonction de juge national et
dans son élevage consacré actuellement à la gamme
quasi complète des opales (noir, agate, brun) en fond blanc, rouge
ou jaune, mosaïque ou non. Depuis 3 ans il retravaille une excellente
lignée de lipochromes rouges intensif et schimmel. Quelques satinés
complètent l’élevage et surtout Didier Biau a quelques oiseaux
en préparation car c’est ce travail de base et de recherche qui
le passionne le plus.