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du canari couleur par Jean - Paul Glémet |
Qu'est-ce qu'une carte génétique?
C’est tout d’abord l’inventaire de tous les gènes d’un individu
c’est à dire qu’il faut découvrir le rôle ou la fonction
de chaque gène. Ensuite il faut localiser précisément
chaque gène : sur quel chromosome est-il et quelle position occupe
- t’il sur ce chromosome ? Le problème est qu’il existe plusieurs
centaines de milliers de gènes. En médecine humaine il est
utile de les repérer tous pour pouvoir comprendre les mécanismes
des maladies héréditaires dans l’espoir d’y remédier
rapidement. En canariculture de couleur , seuls sont connus un petit nombre
de gènes : ceux qui sont responsables des mutations de couleur et
ce n’est donc que suite à l’apparition successive des mutations
que l’on a progressé peu à peu dans ce domaine. Et encore,
il est des domaines comme ceux du mosaïque ou de l’aile grise où
on est sûr de rien. Nous ne pouvons compter que sur des méthodes
empiriques d’observation de résultats d’accouplements et surtout
sur l’inspiration géniale qui de temps en temps frappe certains
canariculteurs-chercheurs. Ainsi le docteur Dunker dont les théories
et formulations ont été utilisées par Gustave Smet
; le célèbre Verkamp dont les formulations sont encore utilisées
même si elles ont dû être améliorées et
réactualisées. Il convient aussi de citer le français
Michel Houzé qui a été le premier à penser
à l’allémorphie multiple pour expliquer le cas particulier
du satiné (théorie qui est encore rejetée par certains
éleveurs) et qui plus tard a aussi expliqué le topaze par
une allélomorphie multiple.
Quelques notions simplifiées de génétique
Caractère :
C’est une particularité décelable, pouvant être décrite
et pouvant varier d’un individu à l’autre.
Gène : C’est une portion de chromosome responsable d’un caractère. En fait le plus souvent plusieurs gènes sont nécessaires pour avoir l’expression d’un caractère. Ainsi la taille, la forme, la longueur du plumage sont des caractères commandés chacun par plusieurs gènes. Mais même dans le domaine de la couleur il en est souvent de même, ainsi la réduction de la phaéomélanine est commandée par le gène du facteur optique mais aussi par des gènes réglant la structure de la plume. C’est donc bien plus complexe qu’on le croit. Allèle : Un même gène peut exister sous plusieurs variantes. Chaque variante s’appelle un allèle. |
Lorsque ce gène se trouve sous sa forme
sauvage (non muté), c’est à dire comme chez le canari sauvage,
on ajoute à la lettre le signe +.
La variante mutée du gène est symbolisée par l’absence du signe +. En général, la forme sauvage domine la forme mutée. Lorsque la forme mutée domine totalement ou partiellement la forme sauvage, cela sera symbolisé par des lettres majuscules. |
Gène 1 : présence ou non
de la mélanine noire
n+ = présence du noir
n = absence du noir donc présence
du brun.
Gène 2 : oxydation maximale
rb+ = oxydation maximale
rba = premier facteur de réduction
(présent dans l’agate ou l’isabelle)
rbs = le satiné
Il y a codominance entre rba et
rbs . Le phénotype intermédiaire ressemble au
classique mais avec une dilution de la mélanine un peu plus forte.
Gène 3 : mélanine non
mutée pastel
rn+ = mélanine normale (= non
pastel)
rn = mutation pastel
Gène 4 : structure caroténoïde
normale (= lipochrome non ivoire)
sc+ = structure caroténoïde
normale (= lipochrome non ivoire)
sc = mutation ivoire
Les gènes présents
sur les chromosomes homologues (chromosomes non sexuels)
Ils sont présents en double exemplaire chez tous les individus.
Les gènes actuellement connus concernant la couleur sont chacun
portés par une paire différente de chromosome donc ils sont
tous à hérédité libre (non liée). La
majorité d’entre eux sont à hérédité
récessive mais il existe quelques cas de gènes dominants
ou codominants qui seront signalés au fur et à mesure.
Gène 5 : présence ou non
de la mélanine = facteur enzyme
E+ = présence de mélanine
( = canari mélanine)
E = absence de mélanine ( = canari
lipochrome)
Il y a codominance, le phénotype
intermédiaire correspond au canari panaché.
Gène 6 : structure de plume non
opale
so+ = structure de plume non opale
so = mutation opale
Remarque : début 1993, j’ai pu observer des oiseaux
issus du croisement onyx par opale et ces sujets présentaient une
mélanine proche de l’opale J’ai alors pensé à un lien
entre la mutation onyx et l’opale. On serait en présence d’un nouveau
cas d’allélomorphie multiple. Depuis ce point de vue est partagé
par de nombreux éleveurs. Si cela s'avérait exact, il faudrait
revoir la formulation pour ce gène et je propose :
soop = mutation
opale
soonyx = mutation onyx
Gène 7 : transformation du noir
(formulation Houzé)
tn+ = noir non transformé
tnino = mutation ino
tntz = mutation topaze
Gène 8 : mutation eumo
eu+ = mélanine non eumo
eu = mutation eumo
Gène 9 : facteur optique ou facteur
bleu ou facteur de réfraction
B+ = absence de facteur optique
B = présence du facteur optique
Il y a codominance ce qui donne un facteur
optique moins prononcé pour le phénotype intermédiaire.
Gène 10 : présence de
pigment lipochromique
BL+ = présence de pigment lipochromique
BL = absence de pigment lipochromique
dans presque tout le plumage (= blanc dominant).
C’est un cas de dominance. Les sujets homozygotes
BL/BL n’existent pas à cause du facteur létal.
Gène 11 : présence de
pigment lipochromique
bl+ = présence de pigment lipochromique
bl = absence de pigment lipochromique
dans tout le plumage (= blanc récessif).
Gène 12 : tonalité jaune
du pigment lipochromique
J+ = pigment jaune de tonalité
pâle
J = pigment jaune de tonalité
soutenue
Il y a codominance entre J+
et J donnant un phénotype intermédiaire de tonalité
jaune intermédiaire.
Gène 13 : répartition
du pigment lipochromique
I+ = schimmel
I = intensif
Ici c’est le gène muté I
qui domine le gène sauvage. Les intensifs sont I/ I+
et les homozygotes I/I n’existent pas à cause du facteur létal.
Gène 14 : le facteur rouge.
Ce gène est absent du patrimoine génétique
du canari originel et il a été introduit par croisement avec
le Tarin rouge du Vénézuéla. Il existe sous une seule
forme r+ et il peut être soit en simple soit en double.
Quelques discordances selon les
auteurs
Les formulations de Verkamp sont anciennes. Elles ont été
reprises par bien des auteurs et il a fallu les remanier au fur et à
mesure de notre avancée dans la connaissance de l’hérédité
des mutations. Mais certains éléments relèvent plus
d’hypothèses que de certitudes. Il y a parfois des divergences dans
les interprétations. En voici quelques exemples :
La liaison entre le gène
E (facteur enzyme) et le gène ino
Dans les formulations primitives de Verkamp, le gène ino
est situé sur le même chromosome que le gène E mais
Verkamp lui même n’était pas certain de cela. Or, depuis,
rien n’est venu confirmer cela. Bien au contraire, l’obtention des canaris
lipochromes inos a infirmé l’hypothèse de Verkamp. Si l’hypothèse
de la liaison était la bonne, il faudrait en partant d’un lipo croisé
avec un mélanine ino avoir la chance de l’intervention d’un crossing-over
pour obtenir un lipochrome à yeux rouge ino. Mais laissons parler
Mario Aschéri lors de l’une de nos dernières entrevues. "
C’est en 1966 que j’ai essayé d’introduire le facteur ino dans les
canaris lipochromes blancs récessifs. La mutation ino venait d’apparaître
chez les canaris mélanines et j’avais envie de l’introduire dans
la gamme des lipochromes pour produire des lipos à yeux rouges.
Je croisais donc un mâle mélanine ino avec une femelle blanche
récessive. J’obtins ainsi plusieurs panachés. L’année
suivante, j’accouplais ensemble frères et soeurs en constituant
deux trios. Ces quatre femelles me donnèrent seize jeunes dont un
blanc récessif ino qui déjà au nid faisait l’admiration
des éleveurs me rendant visite : l’attrait du scoop sans doute.
De ces croisements, j’obtins aussi un mélanine argenté à
facteur blanc récessif. Je venais de faire d’une pierre deux coups
: création du premier lipo récessif ino mais aussi création
du premier canari mélanine récessif qui allait ouvrir bien
des perspectives. Ces résultats à 1/16 correspondent parfaitement
à la théorie (deuxième génération de
dihybridisme mendélien) et prouvent que le gène ino n’est
pas lié au gène E responsable de la mutation lipochrome.
"
Blanc récessif et blanc
dominant seraient deux allèles du même gène
J’ai trouvé cela dans un document (ancien sans doute) destiné
à la formation des élèves juges belges. Ceci n’est
pas possible. Par exemple un blanc récessif croisé avec un
jaune peut donner des blancs dominants c’est parce que ce récessif
(qui a déjà deux gènes bl) peut aussi transmettre
le gène BL donc ce gène BL était forcément
sur une paire différente de chromosomes.
Liaison du gène r+
(facteur rouge) avec le gène J (pigment jaune)
Ceci est souvent avancé car ces deux gènes concernent
la pigmentation lipochromique.
Toutefois il n’y a aucune raison pour qu’ils soient forcément
sur le même chromosome. Ce gène r+ venant du Tarin
rouge peut avoir été incorporé sur n’importe quel
chromosome du canari. De plus l’hérédité du jaune
et du rouge est plus complexe : l’intervention d’un seul type de gène
est peu vraisemblable et il y a des phénomènes de dominance
qui nous échappent puisque dans des souches de mosaïques rouges
on voit parfois apparaître des mosaïques jaunes au lipochrome
jaune bien pur et inversement dans des souches de mosaïques jaunes
il ressort de temps en temps des individus orangés.
Un gène spécial
pour le satiné
En France nous considérons depuis plus de quinze ans que
le facteur satiné est un allèle du gène rb en nous
basant sur le fait qu’on n’observe pas quatre phénotypes différents
de satinés. Pour certains pays, le gène satiné est
un gène à part, de formulation rm et situé sur le
chromosome X puisque l’hérédité est liée au
sexe.
Quelques cas mal maîtrisés
Pour la mutation ailes grises, aucune explication génétique
précise n’est encore connue.
De même pour le mosaïque, il a été longtemps
considéré de façon bien trop simpliste qu’il s’agissait
d’un gène baptisé m et situé sur le chromosome X.
Il y a certainement intervention d’au moins un autre gène et situé
sur une autre paire de chromosomes.
Pour l'onyx, si ce n'est pas un allèle du gène opale
(so) il faudra considérer un nouveau gène (gène
15) avec deux formes: onyx+ ou
onyx.
Comment établir la carte
génétique d'un canari?
Pour donner la formule d’un canari il faut faire figurer tous ses
gènes relatifs à la couleur en précisant bien sous
quelle forme allélique ils se trouvent. Il ne faut pas non plus
oublier que les chromosomes vont par paires.
Cette formulation consiste à attribuer à chaque gène
une appellation sous forme d’une ou deux lettres.
Dans la pratique, les formules seront simplifiées car on ne fera figurer que les gènes réellement utiles pour prévoir des résultats d’accouplement. |
Ex 2: Canari mâle agate
topaze blanc dominant porteur d’isabelle
E+/ E+ (= non lipochrome)
X : n+ rba/ X : n rba (= présence
de noir porteur d’absence de noir + 1er facteur de réduction)
tntz/ tntz (= topaze)
BL+/BL (= blanc dominant)
J+ou J/ J+ou J (= fond jaune plus ou moins
prononcé selon la tonalité des incrustations)
Ex 3: Canari femelle isabelle
pastel jaune schimmel
E+/ E+ (= non lipochrome)
X : n rba (= brun réduit par 1er facteur
donc isabelle) +rn(= pastel) / Y :rien
J+ou J/ J+ou J (= jaune)
I+/ I+ (= schimmel)
J’espère que cet article un peu ardu pourra servir à ceux d’entre vous qui souhaitent approfondir le sujet et notamment aux élèves-juges qui se doivent de connaître ces notions.
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du C.C.C. |
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