Champion Canary Club
Graines BEYERS
 
 
 
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La carte génétique
du canari couleur
par Jean - Paul Glémet
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Copyright tous pays
La décennie 90 est pour la génétique humaine celle qui a amené à l’établissement complet de la carte génétique humaine. Les médias se sont régulièrement faits l’écho des dernières avancées de la recherche et chacun sait que les dons récoltés par le Téléthon ont permis à la recherche française d’être à la ponte en ce domaine. Mais qu’en est-il en canariculture ?

Qu'est-ce qu'une carte génétique?
C’est tout d’abord l’inventaire de tous les gènes d’un individu c’est à dire qu’il faut découvrir le rôle ou la fonction de chaque gène. Ensuite il faut localiser précisément chaque gène : sur quel chromosome est-il et quelle position occupe - t’il sur ce chromosome ? Le problème est qu’il existe plusieurs centaines de milliers de gènes. En médecine humaine il est utile de les repérer tous pour pouvoir comprendre les mécanismes des maladies héréditaires dans l’espoir d’y remédier rapidement. En canariculture de couleur , seuls sont connus un petit nombre de gènes : ceux qui sont responsables des mutations de couleur et ce n’est donc que suite à l’apparition successive des mutations que l’on a progressé peu à peu dans ce domaine. Et encore, il est des domaines comme ceux du mosaïque ou de l’aile grise où on est sûr de rien. Nous ne pouvons compter que sur des méthodes empiriques d’observation de résultats d’accouplements et surtout sur l’inspiration géniale qui de temps en temps frappe certains canariculteurs-chercheurs. Ainsi le docteur Dunker dont les théories et formulations ont été utilisées par Gustave Smet ; le célèbre Verkamp dont les formulations sont encore utilisées même si elles ont dû être améliorées et réactualisées. Il convient aussi de citer le français Michel Houzé qui a été le premier à penser à l’allémorphie multiple pour expliquer le cas particulier du satiné (théorie qui est encore rejetée par certains éleveurs) et qui plus tard a aussi expliqué le topaze par une allélomorphie multiple.

Quelques notions simplifiées de génétique
Caractère : C’est une particularité décelable, pouvant être décrite et pouvant varier d’un individu à l’autre. 
Gène : C’est une portion de chromosome responsable d’un caractère. 
En fait le plus souvent plusieurs gènes sont nécessaires pour avoir l’expression d’un caractère. Ainsi la taille, la forme, la longueur du plumage sont des caractères commandés chacun par plusieurs gènes. Mais même dans le domaine de la couleur il en est souvent de même, ainsi la réduction de la phaéomélanine est commandée par le gène du facteur optique mais aussi par des gènes réglant la structure de la plume. C’est donc bien plus complexe qu’on le croit. 
Allèle : Un même gène peut exister sous plusieurs variantes. Chaque variante s’appelle un allèle.
La formulation type Verkamp
Cette formulation consiste à attribuer à chaque gène une appellation sous forme d’une ou deux lettres.
Lorsque ce gène se trouve sous sa forme sauvage (non muté), c’est à dire comme chez le canari sauvage, on ajoute à la lettre le signe +. 
La variante mutée du gène est symbolisée par l’absence du signe +. 
En général, la forme sauvage domine la forme mutée. 
Lorsque la forme mutée domine totalement ou partiellement la forme sauvage, cela sera symbolisé par des lettres majuscules. 
Inventaire et localisation des gènes connus
Les gènes présents sur le chromosome X
Ils sont à hérédité liée au sexe puisque présents sur le chromosome X.
Les allèles mutés connus actuellement chez le canari couleur sont tous récessifs (=dominés) par rapport à l’allèle sauvage.
Ils sont présents en double exemplaire (sous une seule forme ou avec deux variantes) chez le mâle puisqu’il a deux chromosomes X.
La femelle n’aura chacun de ces gènes qu’en un seul exemplaire puisqu’elle a un seul chromosome X. Le chromosome Y ne porte aucun gène concernant la couleur.
L’ordre exact dans lequel ces gènes sont placés sur le chromosome X n’est pas connu avec précision donc on les mettra dans un ordre arbitraire : d’abord les gènes concernant le type, puis ceux des mutations de la mélanine puis ceux de mutation du pigment lipochromique.

Gène 1 : présence ou non de la mélanine noire
    n+ = présence du noir
    n   = absence du noir donc présence du brun.

Gène 2 : oxydation maximale
    rb+ = oxydation maximale
    rba = premier facteur de réduction (présent dans l’agate ou l’isabelle)
    rbs = le satiné
Il y a codominance entre rba et rbs . Le phénotype intermédiaire ressemble au classique mais avec une dilution de la mélanine un peu plus forte.

Gène 3 : mélanine non mutée pastel
    rn+ = mélanine normale (= non pastel)
    rn   = mutation pastel

Gène 4 : structure caroténoïde normale (= lipochrome non ivoire)
    sc+ = structure caroténoïde normale (= lipochrome non ivoire)
    sc  =  mutation ivoire

Les gènes présents sur les chromosomes homologues (chromosomes non sexuels)
Ils sont présents en double exemplaire chez tous les individus. Les gènes actuellement connus concernant la couleur sont chacun portés par une paire différente de chromosome donc ils sont tous à hérédité libre (non liée). La majorité d’entre eux sont à hérédité récessive mais il existe quelques cas de gènes dominants ou codominants qui seront signalés au fur et à mesure.

Gène 5 : présence ou non de la mélanine = facteur enzyme
    E+ = présence de mélanine ( = canari mélanine)
    E  = absence de mélanine ( = canari lipochrome)
Il y a codominance, le phénotype intermédiaire correspond au canari panaché.

Gène 6 : structure de plume non opale
    so+ = structure de plume non opale
    so  =  mutation opale

Remarque : début 1993, j’ai pu observer des oiseaux issus du croisement onyx par opale et ces sujets présentaient une mélanine proche de l’opale J’ai alors pensé à un lien entre la mutation onyx et l’opale. On serait en présence d’un nouveau cas d’allélomorphie multiple. Depuis ce point de vue est partagé par de nombreux éleveurs. Si cela s'avérait exact, il faudrait revoir la formulation pour ce gène et je propose :
    soop    = mutation opale
    soonyx = mutation onyx

Gène 7 : transformation du noir (formulation Houzé)
    tn+    = noir non transformé
    tnino = mutation ino
    tntz   = mutation topaze

Gène 8 : mutation eumo
    eu+ = mélanine non eumo
    eu   = mutation eumo

Gène 9 : facteur optique ou facteur bleu ou facteur de réfraction
    B+ = absence de facteur optique
    B  =  présence du facteur optique
Il y a codominance ce qui donne un facteur optique moins prononcé pour le phénotype intermédiaire.

Gène 10 : présence de pigment lipochromique
    BL+ = présence de pigment lipochromique
    BL   = absence de pigment lipochromique dans presque tout le plumage (= blanc dominant).
C’est un cas de dominance. Les sujets homozygotes BL/BL n’existent pas à cause du facteur létal.

Gène 11 : présence de pigment lipochromique
    bl+ = présence de pigment lipochromique
    bl  =  absence de pigment lipochromique dans tout le plumage (= blanc récessif).

Gène 12 : tonalité jaune du pigment lipochromique
    J+ = pigment jaune de tonalité pâle
    J   = pigment jaune de tonalité soutenue
Il y a codominance entre J+ et J donnant un phénotype intermédiaire de tonalité jaune intermédiaire.

Gène 13 : répartition du pigment lipochromique
    I+ = schimmel
    I   =  intensif
Ici c’est le gène muté I qui domine le gène sauvage. Les intensifs sont I/ I+ et les homozygotes I/I n’existent pas à cause du facteur létal.

Gène 14 : le facteur rouge.
Ce gène est absent du patrimoine génétique du canari originel et il a été introduit par croisement avec le Tarin rouge du Vénézuéla. Il existe sous une seule forme r+ et il peut être soit en simple soit en double.

Quelques discordances selon les auteurs
Les formulations de Verkamp sont anciennes. Elles ont été reprises par bien des auteurs et il a fallu les remanier au fur et à mesure de notre avancée dans la connaissance de l’hérédité des mutations. Mais certains éléments relèvent plus d’hypothèses que de certitudes. Il y a parfois des divergences dans les interprétations. En voici quelques exemples :

La liaison entre le gène E (facteur enzyme) et le gène ino
Dans les formulations primitives de Verkamp, le gène ino est situé sur le même chromosome que le gène E mais Verkamp lui même n’était pas certain de cela. Or, depuis, rien n’est venu confirmer cela. Bien au contraire, l’obtention des canaris lipochromes inos a infirmé l’hypothèse de Verkamp. Si l’hypothèse de la liaison était la bonne, il faudrait en partant d’un lipo croisé avec un mélanine ino avoir la chance de l’intervention d’un crossing-over pour obtenir un lipochrome à yeux rouge ino. Mais laissons parler Mario Aschéri lors de l’une de nos dernières entrevues. " C’est en 1966 que j’ai essayé d’introduire le facteur ino dans les canaris lipochromes blancs récessifs. La mutation ino venait d’apparaître chez les canaris mélanines et j’avais envie de l’introduire dans la gamme des lipochromes pour produire des lipos à yeux rouges. Je croisais donc un mâle mélanine ino avec une femelle blanche récessive. J’obtins ainsi plusieurs panachés. L’année suivante, j’accouplais ensemble frères et soeurs en constituant deux trios. Ces quatre femelles me donnèrent seize jeunes dont un blanc récessif ino qui déjà au nid faisait l’admiration des éleveurs me rendant visite : l’attrait du scoop sans doute. De ces croisements, j’obtins aussi un mélanine argenté à facteur blanc récessif. Je venais de faire d’une pierre deux coups : création du premier lipo récessif ino mais aussi création du premier canari mélanine récessif qui allait ouvrir bien des perspectives. Ces résultats à 1/16 correspondent parfaitement à la théorie (deuxième génération de dihybridisme mendélien) et prouvent que le gène ino n’est pas lié au gène E responsable de la mutation lipochrome. "

Blanc récessif et blanc dominant seraient deux allèles du même gène
J’ai trouvé cela dans un document (ancien sans doute) destiné à la formation des élèves juges belges. Ceci n’est pas possible. Par exemple un blanc récessif croisé avec un jaune peut donner des blancs dominants c’est parce que ce récessif (qui a déjà deux gènes bl) peut aussi transmettre le gène BL donc ce gène BL était forcément sur une paire différente de chromosomes.

Liaison du gène r+ (facteur rouge) avec le gène J (pigment jaune)
Ceci est souvent avancé car ces deux gènes concernent la pigmentation lipochromique.
Toutefois il n’y a aucune raison pour qu’ils soient forcément sur le même chromosome. Ce gène r+ venant du Tarin rouge peut avoir été incorporé sur n’importe quel chromosome du canari. De plus l’hérédité du jaune et du rouge est plus complexe : l’intervention d’un seul type de gène est peu vraisemblable et il y a des phénomènes de dominance qui nous échappent puisque dans des souches de mosaïques rouges on voit parfois apparaître des mosaïques jaunes au lipochrome jaune bien pur et inversement dans des souches de mosaïques jaunes il ressort de temps en temps des individus orangés.

Un gène spécial pour le satiné
En France nous considérons depuis plus de quinze ans que le facteur satiné est un allèle du gène rb en nous basant sur le fait qu’on n’observe pas quatre phénotypes différents de satinés. Pour certains pays, le gène satiné est un gène à part, de formulation rm et situé sur le chromosome X puisque l’hérédité est liée au sexe.

Quelques cas mal maîtrisés
Pour la mutation ailes grises, aucune explication génétique précise n’est encore connue.
De même pour le mosaïque, il a été longtemps considéré de façon bien trop simpliste qu’il s’agissait d’un gène baptisé m et situé sur le chromosome X. Il y a certainement intervention d’au moins un autre gène et situé sur une autre paire de chromosomes.
Pour l'onyx, si ce n'est pas un allèle du gène opale (so) il faudra considérer un nouveau gène (gène 15) avec deux formes: onyx+ ou onyx.

Comment établir la carte génétique d'un canari?
Pour donner la formule d’un canari il faut faire figurer tous ses gènes relatifs à la couleur en précisant bien sous quelle forme allélique ils se trouvent. Il ne faut pas non plus oublier que les chromosomes vont par paires.
Cette formulation consiste à attribuer à chaque gène une appellation sous forme d’une ou deux lettres.
Dans la pratique, les formules seront simplifiées car on ne fera figurer que les gènes réellement utiles pour prévoir des résultats d’accouplement.
Ainsi pour la formule d’un canari classique absolument homozygote, on ne fera apparaître que les gènes du type (et éventuellement ceux du lipochrome) mais on ne notera pas qu’il est aussi so+, rn+ etc c’est à dire non porteur de tout le reste. Il faudra bien sûr penser à sauter un espace chaque fois qu’on passe d’une paire de chromosomes à une autre.
Voici quelques exemples
Ex 1: Canari mâle jaune ivoire intensif porteur de récessif
E/E (= lipo)
X : sc/X : sc (= ivoire)
J+ou J/ J+ou J (= jaune)
I+/I (= intensif)
bl+/bl (= porteur récessif)

Ex 2: Canari mâle agate topaze blanc dominant porteur d’isabelle
E+/ E+ (= non lipochrome)
X : n+ rba/ X : n rba (= présence de noir porteur d’absence de noir + 1er facteur de réduction)
tntz/ tntz (= topaze)
BL+/BL (= blanc dominant)
J+ou J/ J+ou J (= fond jaune plus ou moins prononcé selon la tonalité des incrustations)

Ex 3: Canari femelle isabelle pastel jaune schimmel
E+/ E+ (= non lipochrome)
X : n rba (= brun réduit par 1er facteur donc isabelle) +rn(= pastel) / Y :rien
J+ou J/ J+ou J (= jaune)
I+/ I+ (= schimmel)

J’espère que cet article un peu ardu pourra servir à ceux d’entre vous qui souhaitent approfondir le sujet et notamment aux élèves-juges qui se doivent de connaître ces notions.

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