Champion Canary Club
Graines BEYERS
 
 
 
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A propos de l'agate
opale rouge mosaïque
par Jean - Paul Glémet
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Copyright tous pays
Il est souvent utile de se pencher sur le passé pour comprendre le présent. Je vous propose de le faire à propos de l’agate opale rouge mosaïque avec d’abord un article que j’avais écrit pour le C.T.C. en 1984 et ensuite nous essaierons de voir ce qu’il en est aujourd’hui.
 

Première partie : l’article de 1984
(le titre était : un bel oiseau peu connu)
A part les visiteurs du National ou du Mondial, peu d’entre vous ont eu l’occasion de voir en concours ces agates opales rouges mosaïques. En effet, cette couleur qui était présente en petite quantité en France il y a une dizaine d’années avait ensuite disparu de notre pays jusqu’au début des années 80. La création d’une nouvelle classification des concours avec l’apparition de la classe " opale rouge mosaïque " n’est pas étrangère au retour de ces agates opales que peu d’éleveurs possèdent pour l’instant.

L’agate opale rouge mosaïque en concours :
Le mâle idéal : Pour son dessin mélanique, il doit avoir deux caractéristiques : une tonalité gris-bleuté et il doit être bien visible et net. Le dessin typique est représenté par de courtes stries sur la tête, des stries fines et nettes bien alignées sur le dos et les flancs. Les plumes de couverture d’ailes présentent une strie médiane bleutée. Rémiges et rectrices doivent être bien chargées en mélanine, cela leur conférant un fort reflet bleuté. Pour le lipochrome et la catégorie, l’agate opale étant un canari dilué (à mélanine réduite) il ne supporte pas d’avoir un facteur mosaïque médiocre : un excès de rouge se remarque de suite et vient ternir le dessin mélanique. Le masque devra être d’un rouge très lumineux, bien délimité et sans cassure au-dessus du bec. Les épaules seront aussi d’un rouge vif, les couvertures d’ailes auront aussi du rouge. Le croupion sera fortement rouge et le moins givré possible. Par contre, aucune trace de rouge ne doit être perceptible sur le dos, la nuque, le cou ou l’abdomen. La coloration de la poitrine ne doit pas trop s’étendre. Toutes ces qualités sont difficiles à réunir sur un même oiseau ce qui explique que nous trouvons peu de mâles en concours. Pourtant en 81 un très bon stam de mâles italiens a gagné le Mondial et en 83 un mâle français a remporté une médaille de bronze à ce championnat du monde.

La femelle idéale: Pour son dessin mélanique, sa répartition sera la même que chez le mâle, seule la tonalité est différente car moins bleutée. Le dessin est gris perle,fin et net. On rencontre souvent des femelles à dessin étalé, patiné ou de tonalité douteuse (plus beige que grise). Ces oiseaux là ne peuvent prétendre à un titre de champion mais pourront être améliorés. Pour le lipochrome et la catégorie, une femelle avec une bonne catégorie donne de suite un oiseau de grande beauté. Pour la tête, deux traits assez courts doivent se trouver derrière les yeux sans gagner vers la nuque ou vers le front ; toutefois la présence d’une très légère bavette rosâtre est difficile à éviter. Le croupion sera rouge mais ce pigment ne devra pas apparaître dans le dos. L’épaule sera la plus rouge possible (mais ne pourra pas être aussi vive que chez le mâle), les couvertures d’ailes devront être peu colorées (en dégradé). En poitrine il y aura le moins de rouge possible : une poitrine presque blanche avec juste quelques points d’un rouge rosâtre dans le centre. On trouve en France des femelles valables puisque ce type d’oiseau a été champion de France 1982, puis les trois premières places en 1983 sont allées à des femelles agates opales rouges mosaïques.

Les points communs au mâle et à la femelle :
 
  • des stries fines, en grain de riz et bien alignées. Des interstries dépourvues de pigment mélanique.
  • bec, pattes et ongles clairs, non ombrés.
  • des rémiges (et si possible des rectrices) sans incrustations lipochromiques ou avec incrustations minimales. Ceci est très possible en sélectionnant bien les reproducteurs et en éliminant toute source de carotène ou de verdure de l’alimentation des jeunes au nid.
Le travail de l’agate opale rouge mosaïque
L’accouplement le plus efficace est agate opale x agate opale. Le premier point à surveiller : le dessin mélanique. Choisir des mâles le plus bleuté possible et en aucun cas avec du beige dans les stries. Attention aux flancs non striés ou à un dessus de tête trop blanc. Si on a un mâle très bleu, le travail est possible avec des femelles moins typiques. Le deuxième point à surveiller : le mosaïque. Ne pas accoupler deux sujets parfaits de ce point de vue car cela se traduira par de gros problèmes de plumage et aussi par une perte de luminosité du lipochrome. Accoupler un mâle avec des marques très délimitées avec des femelles un peu trop rouge (poitrine ou bavette ou frontal) cela donnera quelques mâles de bonne facture. Inversement, il vaut mieux accoupler une femelle très bonne en mosaïque avec un mâle à plumage serré même si le rouge est étendu : un abdomen blanc, une coupure nette même petite entre le masque et la poitrine. Le troisième point à surveiller : le plumage. Le travail du plumage est à lier au travail de la catégorie mosaïque car ces oiseaux ont tendance à avoir un plumage mou au niveau des flancs. Il faut être sévère sur ce point dans la sélection des reproducteurs : ne jamais accoupler deux sujets à plumage long.

On peut également accoupler un pur avec des agates rouges mosaïques porteurs d’opale ce qui donne 50% de purs et 50% de porteurs. Il faut veiller là aussi au mosaïque et au plumage. On dit souvent " l’opale chasse le brun ", ceci n’est vrai qu’en partie, il ne faut donc pas utiliser de porteurs trop chargés en brun.
Parfois l’introduction de l’isabelle opale améliore la qualité du plumage mais ne pas oublier que l’isabelle opale ne peut pas concourir au Mondial.

Pour conclure, on peut dire que les agates opales rouges mosaïques sont en pleine progression et que l’élevage français va incontestablement dans la voie d’une amélioration de la qualité.

Deuxième partie: comparaison, évolution, mises au point
L'article de 1984 est à replacer dans le contexte de l’époque. Ces oiseaux étaient très rares en exposition et bien souvent avaient beaucoup de défauts. C’est peut-être difficile à imaginer aujourd’hui où cette couleur est fréquemment élevée et rencontrée en France et dans tous les pays et souvent avec un très bon niveau de qualité ; mais c’était bien comme cela. Première remarque : la description du mâle et de la femelle idéaux. Le texte de 1984 est encore parfaitement d’actualité et décrit bien les meilleurs sujets primés aujourd’hui. Mais en 1984 c’était un texte de science fiction puisqu’aucun oiseau exposé ne correspondait à ce descriptif. J’ai encore en mémoire les femelles que j’avais mis sur le podium du championnat e France 1983 à Toulouse ; à part la championne qui ressemblait à quelque chose, les deux suivantes avaient une mélanine très peu visible : des oiseaux qui aujourd’hui feraient 85 ou 86 points. Mais c’était ainsi, il fallait encourager la race et je ne le regrette pas. Deuxième remarque : pour le travail de ces oiseaux, les accouplements avec isabelle opale ou la fabrication de porteurs n’est plus utile. On trouve maintenant sur le marché français assez de bons agates opales rouges mosaïques purs pour éviter d’avoir recours à ces croisements. De même, le plumage de ces oiseaux a été grandement amélioré et il faut y prêter la même attention que dans l’élevage des autres canaris mosaïques.

L’évolution en France de 1983 à 1998
Les années 80 : Comme le dit la conclusion de mon article de l’époque, l’élevage de cette couleur en était juste au début d’un énorme boum démographique. Trois ans plus tard, une cinquantaine de sujets étaient exposés au festival CTC et aussi au national de Brest où je jugeais cette couleur. Il y avait encore une vaste palette dans le type mélanique (cela allait du bien bleu au superdélavé), dans le plumage et le mosaïque (beaucoup d’oiseaux au plumage épais et manquant d’intensité aux points d’élection). Michel Darrigues avait été l’un des pionniers de cette couleur mais à la fin des années 80 je me trouvais en compétition surtout avec Bernard Gérard d’Amiens qui s’était spécialisé dans cette mutation. Au niveau international c’étaient les italiens qui menaient le bal et nous avions beaucoup de mal à les contrer.

Les années 90 : Le tournant pour notre élevage national se situe en 1991. Au festival CTC d’Antibes, Michel Aurite présentait un stam de mâles avec notamment trois frères de même nichée qui avaient un très bon bleuté. Michel eut la gentillesse de me céder un de ces mâles dont les gènes s’accordèrent bien avec ceux de mes femelles ce qui fit faire un grand bon en avant à la qualité de ma souche. Ajouté à un couple d’oiseaux italiens de chez le champion du Monde de l’époque, cela est à la base de mes lignées qui en sont à leur sixième titre de champion du Monde depuis 1993. Et ce sont mes lignées qui sont maintenant, directement ou indirectement, dans quasiment tous les élevages français d’agate opale mosaïque et qui ont même disséminé dans bon nombre de pays de par le monde.

L’évolution du type de l’agate opale en Europe
Si le problème du début était de pigmenter plus fortement ces oiseaux qui étaient souvent délavés, c’est maintenant le problème inverse qui se pose ou s’est posé dans beaucoup d’élevages. Il y a eu une tendance naturelle au bleuissement (de génération en génération) et on a trouvé (et on trouve encore notamment en Espagne et Italie) des oiseaux trop marqués : striation trop large, dessin flou, interstrie devenue gris-bleu au lieu de presque blanche.
A l’inverse la qualité du mosaïque s’est améliorée dans toutes les souches, les points d’élection sont bien délimités et surtout d’un rouge bien soutenu.
  Le plumage est aussi très bon maintenant. Aujourd’hui l’effort doit porter prioritairement sur le type mélanique : éclaircissement de l’interstrie mais avec maintien de la netteté du dessin strié. La luminosité doit être une qualité primordiale de l’agate opale, cet oiseau renvoie la lumière par la blancheur de l’interstrie et la brillance de la mélanine des stries. On trouve actuellement quelques sujets avec une très grande luminosité due à une forte blancheur de l’interstrie, chez eux la strie est moins bleue mais plus grise. Ces oiseaux vont nous permettre d’avancer dans le bon sens pour aborder les opales du troisième millénaire. Quoiqu’il en soit, je ne peux que souhaiter à chacun d’avoir le plaisir d’élever un jour ce joyau de la canariculture couleur. 

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