Champion Canary Club |
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texte: Jean-Paul Glémet, photos: Patrice Héry Canaris appartenant à Luis Eceizabarrena (Espagne) |
Le Champion Canary Club, fidèle à sa tradition, vous invite à connaitre toutes les nouveautés du monde de la canariculture. |
Historique
Cette mutation serait officiellement apparue au Brésil dans
l’élevage de Maercio Laranjo à Resende au Brésil.
Ces premiers sujets sont issus d’un couple de lipochromes rouges. Toutefois
il y a 6 ans en France j’ai vu chez Jean Larrieu à Gujan-Mestras
un canari rouge intensif qui avait aussi le bec orangé. Ce sujet
avait pour parents des lipochromes rouges achetés chez un importateur
et qui étaient hollandais. De là à penser que l’origine
serait plutôt européenne et que les oiseaux brésiliens
seraient eux-aussi des descendants d’oiseaux importés.
Jeune canari lipochrome rouge avec mutation "bec rouge" Noter la pigmentation du bec mais aussi des pattes et ongles |
Hérédité
Les premiers croisements faits à partir des sujets mutés
de sexe mâle ont montré de suite que cette mutation n’était
pas à hérédité dominante ni liée au
sexe. Il a en effet fallu deux générations pour obtenir de
nouveaux sujets à bec rouge. Donc cette mutation est à hérédité
récessive libre.
Bec rouge x bec rouge = 100% de bec rouge
Bec rouge x normal = 100% de normaux (porteurs de bec rouge)
Bec rouge x normal porteur de bec rouge = 50% de bec rouge, 50%
de normal porteur de bec rouge
Normal porteur de bec rouge x normal porteur de bec rouge = 25%
de bec rouge, 25% de normaux, 50% de normaux porteurs de bec rouge
Le développement de la
mutation
Les éleveurs brésiliens ont ensuite croisés
leurs lipochromes à bec rouge avec des canaris mélanines.
Ainsi on trouve notamment des bruns rouges (en intensif et schimmel) et
des brun pastel rouge avec la mutation bec rouge.
Jeune canari brun rouge schimmel mutation "bec rouge" |
Jeune canari brun pastel rouge schimmel mutation "bec rouge" |
L’expression de la mutation bec
rouge
Cette mutation correspond à la capacité pour les parties
cornées à fixer les pigments caroténoïdiens.
Ainsi il n’y a pas que le bec qui prend cette teinte orange foncée
mais aussi les pattes. Pour avoir une bonne coloration de ces parties cornées
il faut veiller à la distribution de colorant. Ainsi un canari à
fond rouge non coloré artificiellement ne présentera pas
nettement cette coloration du bec et encore moins des pattes. Il faut donc
colorer au nid ce type d’oiseau. Cependant l’expérience d’Alvaro
Blasina qui a testé de ne colorer qu’après la sortie du nid
montre qu’au bout de 30 jours le bec prend une bonne coloration. Ses observations
montrent aussi qu’un canari ivoire aura le bec moins rouge qu’un sujet
non ivoire. De même il y a des variations dans la tonalité
du bec. Certains sont oranges clairs, d’autres nettement plus foncés.
Il a été vérifié aussi que les canaris
blancs récessifs ne peuvent pas exprimer le bec rouge même
en mangeant du colorant. Ceci est normal puisque les blancs récessifs
ont une incapacité totale à fixer les pigments caroténoïdiens
dans leur peau.
Le travail de la mutation et
son avenir
Son intérêt est que cela rajoute encore de la diversité
dans le domaine de la canariculture. Toutefois je pense que cette mutation
restera anecdotique et qu’en exposition il ne sera pas créé
de classes spéciales : il faudrait autrement doubler le nombre de
classes en concours. Toutefois pour les amateurs de nouveautés et
ceux qui souhaitent faire un travail de sélection spécial
il peut être tentant d’introduire cette mutation dans les autres
canaris à fond rouge. De même il y a tout un travail de sélection
à faire pour obtenir le bec le plus rouge possible. Et pourquoi
pas en fond jaune puisque maintenant on trouve dans le commerce des colorants
« spécial jaune » à base de lutéine. On
pourrait introduire la mutation chez les jaunes lipochromes (et pourquoi
pas ensuite sur les classiques etc) et distribuer du colorant jaune au
nid. Cette fois la sélection porterait sur des becs avec un jaune
de plus en plus pur et soutenu. Voilà encore de quoi rêver.
Et bien sûr tout ce travail devra se faire sur des sujets typés
donc en croisant d’abord avec des normaux de grande qualité. Avis
aux amateurs.
Le
Champion Canary Club a reçu le 18 Mai un courrier électronique
venant du Brésil. L’auteur, Alvaro Blasina, est l’éleveur
brésilien qui a travaillé et développé la mutation
bec rouge. Voici les informations supplémentaires qu’il nous apporte
:
« J’ai lu avec attention l’article sur la mutation qu’ici au Brésil nous nommons bico vermelho et en français bec rouge, cet article me paraît très bien construit et commenté. Cela fait 10 ans que j’accouple et étudie cette mutation. Je suis l’unique éleveur dans le monde à avoir accumulé des informations sur cet oiseau. Au bout de toutes ces années d’expériences et d’observation, je me dis maintenant que cela en valait la peine. L’observation supplémentaire qui ne figurait pas dans l’article français c’est que j’ai maintenant constaté que cette mutation a aussi une influence sur la coloration du plumage. En effet on constate un dépôt de pigment lipochromique sur les bordures extérieures (normalement claires) des schimmels et des mosaïques. Le lipochrome qui se dépose dans ces zones est de tonalité différente du rouge du reste du plumage. Cela donne donc à ces oiseaux une couleur vraiment différente des lipochromes classiques. Ces oiseaux furent présentés pour la première fois de l’histoire à l’exposition internationale de Reggio-Emilia. Il s’agissait de jeunes âgés seulement de 60 jours en plumage juvénile. Cette année j’irai présenter à Reggio des sujets adultes comme cela on verra que les caractéristiques du plumage sont complètement différentes chez les bec rouge par rapport aux sujets non mutés. Pour cette raison nous travaillons avec des sujets mosaïques pour faire ressortir cette particularité de transformer le blanc du bord des plumes en une teinte rose semblable à celle des rouge ivoire. Actuellement nous avançons beaucoup dans la qualité des sujets à bec rouge car nous avons faits des porteurs avec des oiseaux de très bonne qualité. En cette saison d’élevage nous avons travaillé avec 30 couples de bec rouge ce qui nous a donné 150 jeunes (purs ou porteurs) et cela dans différentes couleurs. Cette mutation (comme le cobalt) est une mutation qui ajoute de la couleur chez le canari au contraire des autres mutations existantes. J’adresse un cordial salut aux éleveurs passionnés du monde entier." |
Jeune canari lipochrome rouge avec mutation "bec rouge" |
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du C.C.C. |
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