Champion Canary Club |
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par Michel Darrigues |
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Les facteurs mosaïques, au pluriel. Pourquoi
un tel titre ?
C’est qu’en effet il y a plusieurs dimorphismes
provenant d’origines diverses :
1. du tarin du Vénézuéla
2. de canaris postures anglais type gloster
3. de croisements avec le serin cini et d’autres
espèces
Voyons d’abord l’évolution historique
de cette variété de canaris puis nous parlerons plus en détail
des voies de sélection
Rappel historique
Le facteur mosaïque primordial
Le facteur mosaïque de base pour les
canaris à facteur rouge a été capté chez le
tarin du Vénézuéla : c’est le facteur mosaïque
de qualité primordiale. A noter qu’il existe deux types de tarins
du Vénézuéla dont un qui possède une bande
blanche qui remonte bien vers la poitrine en partant de l’abdomen. C’est
ce type de tarin qu’il faut accoupler pour améliorer les mosaïques.
A noter aussi qu’il faut avoir des tarins du Vénézuéla
purs car beaucoup de tarins aujourd’hui sont issus de croisements avec
des tarins de Magellan dans le but d’agrandir la taille et quand on les
utilise dans les souches de canaris ce n’est pas la même chose. Le
tarin pur se reconnaît à la répartition bien nette
du noir sous la tête et la poitrine alors qu’un tarin impur
verra sa bavette légèrement descendre en pointe vers la poitrine.
Il faut aussi savoir que les tarins rouges ont aussi été
croisés avec des tarins des aulnes pour introduire les mutations
brune, isabelle etc et là aussi ces tarins rouges ont maintenant
leur patrimoine génétique modifié.
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Abdomen bien blanc d'un mâle tarin rouge du Vénézuela Carduelis cucullata |
Trait à l'oeil fin et bien délimité, épaules bien rouges, manteau blanc craie, plumage serré = très bon oiseau de concours. Seul défaut: rémiges trop jauneâtres. |
Les premières mosaïques apparurent
en Hollande de l’accouplement tarin x canari rouge (lipochrome). Ensuite
le travail rigoureux de sélection amena de très belles femelles
mosaïques tant en lipochromes que dans la série des mélanines.
Mais aujourd’hui dans cet article je parlerai essentiellement du mosaïque
rouge chez les lipochromes.
Ces femelles rouges mosaïques présentaient une couleur blanc craie sur le dos et des points d’élection d’un beau rouge éclatant et lumineux ainsi que des traits oculaires très fins bien distincts. Je me souviens d’une femelle dont je fis l’acquisition par l’intermédiaire de Mario Ascheri. La plume de cette femelle pouvait être comparée à de la soie tellement elle était douce et fine. Son lipo aux points d’élection était d’un rouge lumineux et intense, le manteau blanc craie. |
Remarque : soit dit en passant que point n’est besoin de lavages spéciaux à base de produits bleutés pour blanchir les mosaïques quand ce sont des sujets de grande qualité avec ce type de plume.
Les mâles de l’époque n’étaient
pas spectaculaires et ne pouvaient pas être des oiseaux de concours,
du moins selon les critères actuels. Le lipo rouge apparaissait
très intense à tous les points d’élection du mosaïque
et les meilleurs sujets avaient un abdomen très blanc remontant
très haut sur la poitrine. En revanche le reste du manteau était
rose comme sur un mauvais saumon (ancien nom de nos rouges schimmels actuels)
mais sans écailles et possédant une plume extra fine très
lumineuse.
Voilà pour le facteur qualitatif du
mosaïque.
Changement du structure de plume,
arrivée du mosaïque nouveau type
Par la suite un facteur quantitatif fût
introduit dans le mosaïque par des éleveurs italiens. Mario
Aschéri en visite à l’exposition de Reggio-Emilia en 1969
fût émerveillé par un stam de mâles qui possédaient
un facteur mosaïque très différent et étaient
beaucoup plus spectaculaires que nos mâles de l’époque. Ce
fût une révolution. Ces mosaïques furent appelés
« nouveau type » et les autres « ancien type ».
Bien sûr M. Aschéri fit l’acquisition de ces oiseaux et par
la suite je récupérais un mâle. A l’étude de
ce dernier je compris que la structure de plume avait changé. Le
blanc était un peu moins lumineux, la tête était plus
forte, l’ensemble de l’oiseau était plus lourd que les mosaïques
que nous élevions. Ce qui était extraordinaire c’est que
ces oiseaux sortaient (pour ceux de qualité) avec un grand masque
complet pour les mâles et des traits à l’œil pour les femelles.
Tous les éleveurs de mosaïques
se précipitèrent et tout le monde éleva ce «
nouveau type » de mosaïque. Mais toute médaille a son
revers. La sélection qui suivit fût menée dans le mauvais
sens. A force de garder les oiseaux toujours plus blancs, le lipochrome
tant chez les mâles que chez les femelles devenait plus pâle.
La plume s’allongeait au fur et à mesure des générations
puis des kystes apparurent régulièrement sur ces lignées.
Entre temps j’avais compris que ce facteur
mosaïque supplémentaire avait été capté
chez le gloster. Pour en avoir le cœur net je refis cet accouplement (mosaïque
x gloster) et j’arrivais au même résultat. Je constatais aussi
que la structure de la plume avait changé, d’étroite et assez
allongée elle était passée à une plume plus
élargie en bout.
Remarquer que les barbules permettent aux barbes d'être accrochées et que ces barbes deviennent parallèles à l'axe de la plume et donnent une plume assez resserrée en pointe au bout |
Remarquons d'abord qu'il s'agit d'une plume courte mais très large et ronde: les barbes font à un angle de 70° par rapport au rachis. Dans cette plume il n'y a pas de pigment rouge visible ce qui donne sur l'oiseau et par recouvrement un manteau très blanc. |
Plumes très larges au bout |
Cette plume prise sur une autre femelle mosaïque montre d'abord qu'elle contient du pigment rouge (teinte rouge pâle dans certaines barbes) mais surtout qu'on a ici une plume allongée et plus étroite au bout. Cela se rapproche des types de mosaïques originelles avant modifiaction par introduction du gloster et autre.... |
Il fallait donc supprimer les défauts
apportés par cette origine tout en gardant les qualités.
Il est nécessaire d’additionner en permanence le facteur quantitatif
+ le facteur qualitatif.
Le travail fait dans la décennie
80 et début des années 90
Pour ramener nos canaris mosaïques dans
la bonne direction = raccourcir la plume et raviver la tonalité
du lipo il fût recouru à nouveau au croisement canari mosaïque
x tarin du Vénézuela. Certains firent même des croisements
canari intensif x canari mosaïque. Par ce travail acharné le
niveau de qualité remonta peu et à peu et la dérive
vers les kystes stoppa. On prit aussi conscience que le temps où
on cherchait à blanchir de plus en plus le manteau devait s’arrêter
et qu’il convenait de s’attacher à la puissance de la tonalité
lipo aux points d’élection notamment aux épaules et à
la présence d’un net triangle de poitrine coloré et non pas
une zone vaguement rosâtre. Les italiens nous précédèrent
dans cette démarche aussi bien dans la série des lipochromes
que chez les mosaïques mélanines. Une fois l’amélioration
de ces éléments obtenus on peut dire que la majorité
des éleveurs pratiquaient des accouplements par compensation c'est-à-dire
chercher à chaque fois à compenser un défaut par un
défaut opposé. Exemple : masque du mâle trop réduit
x femelle ayant le lipo en avant de l’œil ou de légères moustaches
rouges. Des mêmes couples il sortait tant bien que mal des sujets
de concours dans les deux sexes, il y avait du déchet c’est certain
mais peut-être pas plus qu’aujourd’hui avec les méthodes employées
(lignées mâle ou femelle). Il faut dire qu’on demandait à
un mâle d’expo d’avoir un bon lipo lumineux aux points d’élection
tranchant sur un manteau craie, d’avoir un masque complet sans branches
de lunettes mais on ne parlait pas encore de cerise (quel drôle de
mot !)
Mâle à petit masque |
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Analyse de la conception dominante
d’aujourd’hui
Premier point : la
constatation est qu’on utilise à chaque fois un sujet fautif d’un
sexe pour accentuer la qualité de l’autre sexe. En d’autres termes
un oiseau avec des défauts permettrait de sortir un oiseau parfait
dans l’autre sexe. C’est alléchant mais le sujet obtenu est-il vraiment
parfait ? Pour le travail en lignées femelles cela semble vrai car
il y a maintenant de la part de certains éleveurs de mosaïques
une vraie réflexion sur la plume et ils sortent de belles femelles
naturellement. Mais en fait ils n’en sortent pas un plus grand pourcentage
qu’autrefois.
Deuxième point : êtes-vous
sûr qu’ils sont parfaits ?
Les mâles issus des lignées mâles
sont à première vue des oiseaux spectaculaires mais en regardant
de plus près on s’aperçoit que la forme de la plume de ces
oiseaux est carrée c'est-à-dire étroite à la
base elle s’élargit à l’extrémité. Leur blanc
n’est pas craie, beaucoup ont le manteau rosé.
(à noter que le bas du dos présente du rouge visible) |
(à noter que le bas du dos présente moins de rouge visible) |
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Plume du dos mâle petit masque Le pigment rouge est présent mais dilué et placé dissymétriquement dans la plume |
Ces mâles manquent presque tous du triangle de poitrine où leur lipochrome rouge est peu visible.
Mauvaise marque de poitrine Sur ce mâle à grand masque on voit que la tache pectorale n'est pas conforme au standard, le rouge est trop refoulé. ce qui prouve que la sélection sur l'intensité et la taille du masque est indépendante de celle de la qualité de la marque de poitrine.
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Bonne marque de poitrine Sur ce mâle on voit que la tache pectorale est conforme au standard et forme un "triangle", le rouge étant de moins en moins visible en allant vers les flancs. Les flancs montrent toutefois encore trop de rouge. A noter que des flancs bien blancs sont une qualité si ceci n'est pas obtenu par "tricherie" = plumage de cette zone et repousse sans coloration. On voit parfois des flancs légèrement jaunâtres, preuves de ces manipulations. |
En revanche le masque et les
épaules de ces mâles sont visibles de très loin. On
a l’impression en regardant ces oiseaux de ne voir qu’un masque et c’est
d’ailleurs ce qui attire le néophyte.
Déjà chez ces mâles il apparaît des dérives. Le lipo est tellement puissant qu’il forme une collerette irisée derrière la tête. |
Troisième point : on augmenterait
le pourcentage de réussite
Si c’était vrai, vu le nombre d’éleveurs
français qui élèvent des mosaïques et sachant
que quasiment tous ont été convertis à ce travail
par lignées on devrait trouver abondamment des canaris mosaïques
de qualité dans nos concours. Et bien, ça ne saute pas aux
yeux. Seulement une dizaine de bons sujets chaque année au championnat
de France, 4 ou 5 éleveurs français qui sortent du lot. C’est
assez maigre.
Quatrième point : pourquoi
« tricher » en préparant les oiseaux d’expo
Oui je dis bien tricher. La
première tricherie ou préparation
consiste à blanchir le manteau pour faire ressortir le contraste.
Ce blanchiment n’est pas qu’un simple lavage pour enlever des saletés
sur le plumage mais au contraire un savant programme de prélavage,
lavage, rinçage etc avec notamment l’introduction de substances
bleutées venant se fixer sur la plume pour en accentuer la blancheur
visuelle. Ceci n’est pas nouveau mais on aurait pu espérer que le
savant travail de sélection par lignées aurait rendu cela
inutile.
Deuxième tricherie elle
concerne les femelles. Après la mue on arrête la coloration
quelques jours puis on épile les zones colorées autour de
l’œil pour ne laisser que la bonne ligne oculaire. Les nouvelles plumes
repousseront en principe blanches. Cela se fait encore ce qui prouve que
les femelles issues des lignées femelles ne sont pas toutes parfaites
(cela n’a donc pas changé).
Troisième tricherie
: elle concerne les mâles et à mes yeux elle est vraiment
très grave. Et bizarrement à ce jour je n’ai vu en France
aucun article qui le dit. Quel courage ! En effet, certains éleveurs
et non des moindres plument ces mâles pour rendre leur manteau plus
blanc en deuxième pousse de plumes. Certains vont même jusqu’à
plumer deux fois. Cela se fait notamment en Italie (pays qu’on nous cite
pourtant en exemple). J’ose espérer que nos compatriotes ne sont
pas tentés de la faire. En Italie aussi certains utilisent des produits
décolorants pour enlever les traces rosées dans le manteau
des mâles. Cette année j’ai même entendu dire que certains
utilisent de mini-scalpels pour râper les plumes rosées et
les travailler une à une. C’est de la folie. Veux- t’on cela
comme finalité de l’élevage ?
Cinquième point : et
l’avenir dans tout ça
Est-on sûr à force de chercher
un aspect femelle de certains mâles et un aspect mâle chez
certaines femelles de s’y retrouver ? Je connais des éleveurs qui
ont du mal à reconnaître leurs vraies femelles par rapport
aux mâles lignées femelles (ils sont obligés de se
baser au chant). J’ai lu sur un blog internet belge que dans un stam de
« mâles » médaillés dans un récent
mondial se trouvaient deux sujets ayant ensuite pondu des œufs.
Je rappelle que si on a écrit deux
standards différents pour le mâle et la femelle c’est parce
qu’il y avait un vrai dimorphisme sexuel. Si nos apprentis sorciers font
disparaître ce dimorphisme sexuel visible alors il faudra faire un
seul standard pour le mosaïque : il faudra choisir entre l’aspect
masqué ou l’aspect trait à l’œil. Ce n’est que pure honnêteté.
Chacun sait par exemple que chez le rouge intensif on peut avoir des mâles
sans givrage mais qu’on peut aussi avoir des femelles avec plein de petites
écailles. On n’a pas pour autant créé deux standards
différents car on estimait ce dimorphisme pas assez grand. Donc
si on produit des femelles mosaïques à masque complet ou des
mâles avec juste un petit triangle derrière l’œil on devra
en tirer les conséquences et choisir un seul et unique standard
appelé mosaïque (mais indépendant du sexe réel).
Ou alors deux standards appelés A ou B mais sans aucune référence
au sexe. On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
Elevage Barreiros, photo Castellot Voici un magnifique mâle rouge mosaïque (grand masque complet, marques d'épaules excellentes avec une pureté et une profondeur de rouge excellentes). Le plumage est très serré ce qui explique qu'un peu de rouge transpire dans les flancs et au cou. Les tenants de l'élevage par lignées vous diront qu'on ne peut avoir un mâle de ce niveau qu'en utilisant des femelles de lignée mâle (avec barre frontale etc etc). Que nenni! Regardez ci-dessous la mère de cet oiseau. |
Elevage Espi, photo Castellot Cette femelle est la mère du mâle d'au-dessus. on voit bien qu'il s'agit d'une femelle de concours dite "trait à l'oeil". Elle avait d'ailleurs remporté le concours d'Antibes 2004 avec 92 points. Cette femelle est la fille d'un mâle de concours à grand masque. Voici une preuve de plus qu'il n'y a pas que la voie unique du travail par lignées qui peut produire des oiseaux de concours. |
Pour conclure, je dirais que je ne suis pas contre l’exploration de cette piste du travail par lignées mais de grâce que l’on n’en fasse pas la pensée unique. Que l’on pèse le pour et le contre et que cela s’exprime en toute transparence. Ne pas oublier aussi que si on l’applique aux canaris mélaniques comme cela commence ce sera la catastrophe car certaines modifications de structure de plume vont entraîner des modifications des dessins typiques des canaris mélanines. Un mâle mélanine mosaïque ce n’est pas un masque posé sur un canari avec des mélanines défectueuses : ça c’est la voie de la facilité et certains commencent déjà à l’emprunter. Je dis attention et il faudra sans doute que j’y revienne dans un prochain article. |
Il s'agit là d'un caractère fixé génétiquement et qui permet de mettre en évidence les marques aux épaules. Toutefois attention à ce que ce décollement soit discret (environ 2mm) sinon c'est sanctionnable comme défaut de forme. |
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du C.C.C. |
techniques |
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