Champion Canary Club |
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L’ALLELOMORPHIE MULTIPLE par Jean-Paul Glémet |
Les photos de canaris sont de Jean-Paul Glémet. Les canaris photographiés sont de l'élevage de F. Fauconnet.
Rappel de génétique
: notions de gènes et d’allèleshistorique
L’ensemble des caractères exprimés
d’un individu est la résultante du programme génétique
de cet individu (programme hérité à 50% de son père
et à 50% de sa mère). Ce programme génétique
est présent dans le noyau de chaque cellule du corps sous la forme
de filaments d’A.D.N.. Ces filaments s’appellent des chromosomes, ils sont
classables par paires (un chromosome de la paire vient du père,
l’autre chromosome vient de la mère).
Un gène
est un morceau de chromosome (une certaine longueur d’A.D.N.) qui commande
ou régule un caractère donné. Par exemple la présence
de pigment noir dans le plumage du canari c’est le gène appelé
n.
Un allèlec’est
une variante d’un gène. Exemple : le gène n existe sous deux
variantes. On pourra avoir soit n+ = feu vert pour la fabrication du pigment
noir dans le plumage, soit n = feu rouge pour la fabrication du pigment
noir d’où absence de pigment noir dans le plumage.
Qu’apppelle t-on allèlomorphie
multiple ?
On parle d’allèlomorphie multiple quand
un gène existe sous plus de deux variantes. Pour le canari couleur
cela concerne trois cas connus actuellement :
Premier cas :
le gène rb (oxydation = puissance de présence du pigment).
La forme normale (dite sauvage) = rb+ qui donne une pleine présence
du pigment (pigment noir ou pigment brun selon le cas). La première
forme mutée = rba qui donne une réduction du pigment
noir (agate) ou une réduction du pigment brun (isabelle). La deuxième
forme mutée = rbs qui donne une réduction plus
poussée qui caractérise le canari satiné.
A noter que cette idée que le satiné
est une forme allèlique du gène rb a été proposée
par les français il y a plus de 20 ans au vu des résultats
d’accouplements. Ceci n’est pas admis par tout le monde et en 2005 une
discussion énergique avec des amateurs belges (qui eux considèrent
le satiné comme une mutation ordinaire capable de s’additionner
aux quatre types classiques et de différencier par exemple le brun
satiné de l’isabelle satiné) a amené le comité
technique belge à créer une commission spéciale en
2006 et à faire des croisements de vérification. Les derniers
échos seraient qu’ils en viendraient maintenant à reconnaître
le bien fondé de notre point de vue français.
Deuxième cas :
le gène tn (transformation du noir, formulation proposée
par le français Michel Houzé au début des années
90). Ceci concerne en fait deux couleurs très connues des canariculteurs
: la mutation ino (qui en brun ino correspond au fameux phaéo) et
la mutation topaze. L’idée en est venue à Michel Houzé
par le fait que les premiers topazes sont issus de lignées de canaris
inos et ont souvent été liés aux inos. Puis de l’observation
de croisements entre ces couleurs (j’y reviendrai plus loin dans l’article
en l’illustrant par des photos). La forme normale du gène est tn+,
l’oiseau n’est alors affecté ni par l’ino ni par le topaze. La première
forme mutée = première sorte d’allèle = tnino
qui donne la réduction de la mélanine caractéristique
de l’ino est apparue dans les années 60. La deuxième forme
mutée = deuxième sorte d’allèle =tntz qui
donne une réduction différente de la mélanine caractéristique
du topaze est apparue dans les années 70.
Troisième cas :
le gène so (structure opale). La forme sauvage est so+ =
aucune transformation de la mélanine et de sa disposition. La première
forme mutée, apparue il y a une cinquantaine d’années est
soop qui caractérise la canari opale. Et près
de 40 ans plus tard est apparue une nouvelle variante de ce même
gène, baptisée soonyx, caractéristique
de la mutation onyx. Le lien allèlique entre opale et onyx n’a pas
été interprété comme tel de suite et certains
le contestent aussi.
Dominance et codominance entre
les allèles :
Récapitulons. Pour chaque gène
le canari possède deux exemplaires (un sur chaque chromosome de
la paire).
Si les deux exemplaires sont identiques =
mêmes allèles, pas de problème ils vont donner exactement
la même information de commande et cela se retrouvera dans l’aspect
de l’oiseau. Le sujet est dit homozygote.
Exemples : sujet A : n+ / n+
= aura la présence de pigment noir dans le plumage, sujet B : n
/ n = n’aura pas la présence de noir dans le plumage
Maintenons corsons l’affaire. Les deux exemplaires
du gène ne sont pas identiques, on a deux allèles différents
(le sujet est dit hétérozygote). Alors là un allèle
peut s’exprimer (on dit qu’il domine) et l’autre ne va pas s’exprimer (il
est dominé). Exemple : sujet C : n+ / n, n+
domine n (l’oiseau aura du pigment noir dans son plumage). C’est qu’on
appelle dominance.
Mais il existe un autre cas, celui où
chacun des deux allèles s’exprime et donne donc un aspect modifié
intermédiaire entre les deux formes. C’est cela la codominance.
Dominance et codominance pour
le gène rb
La forme sauvage rb+ domine les
deux autres formes rba etrbs. Et la forme rba
domine la forme rbs. Oui certes, mais il convient de nuancer.
rb+ / rba = aspect sauvage
(canari de pleine oxydation) car rb domine. Mais cependant ces noirs porteurs
d’agate ou ces bruns porteurs d’isabelle sont légèrement
différents des noirs ou des bruns homozygotes mais on ne peut pas
franchement dire qu’il y a codominance.
rb+ / rbs = aspect sauvage
évidemment car rb domine mais pour ces noirs ou bruns porteurs de
satiné on peut parfois percevoir un éclaircissement. Mais
peut-on vraiment parler de codominance ?
rba / rbs = oxydation
réduite (= canaris du groupe des dilués), ce sont des agates
ou des isabelles porteurs de satiné. Chez l’agate porteur satiné
on peut remarquer une dilution du pigment noir et même de l’intertrie,
la modification est visible pour un œil averti. Il y a une nette interférence
de l’allèle rbs sur l’allèle rba mais
c’est quand même rba qui domine. On ne parle pas vraiment de codominance
mais on en approche.
Dominance et codominance pour
le gène tn : parlons du chinchilla
Nous voilà dans le sujet qui m’intéresse
aujourd’hui.
Evidemment la forme sauvage tn+ domine
les deux autres formes tnino et tntz. Les sujets
porteurs de topaze ou les sujets porteurs d’ino ont l’aspect de classiques
Mais qu’en est-il entre tnino et
tntz? Qui domine qui ?
Ce sujet est abordé dans le livre d’Annie
Filleul où elle indique clairement la formulation du croisement
ino x topaze mais parle pour les jeunes obtenus de topaze porteur ino.
Voyons ce qu’il en est réellement et
en l’illustrant de photos. Ainsi en cette saison 2006 j’ai demandé
à mon ami Francklin Fauconnet de faire l’accouplement topaze x ino
et de photographier les jeunes issus. Le couple reproducteur est composé
d’un mâle agate topaze et d’une femelle brune ino (phaéo).
Le père: mâle agate topaze rouge mosaïque |
La mère: brune ino ( =phaéo) rouge mosaïque |
Le jeune issu présente à la naissance
les yeux rouges. Ces yeux vont ensuite foncer en vieillissant comme chez
le topaze.
Jeune "chinchilla" âgé de 45 jours. On voit le dessin strié comme chez l’agate topaze mais beaucoup plus discret. Œil rougeâtre. |
La sous-plume est nettement mélanisée grisâtre |
Aile (face supérieure) |
Aile (face inférieure) On retrouve dans l’aile un peu la disposition mélanique du topaze (en plus dilué) et le dessous avec le rachis blanc. |
Queue vue de dessus. Dessin de queue ressemblant au topaze mais de tonalité beaucoup moins soutenue. |
Dominance et codominance pour
le gène so
La forme sauvage so+ domine aussi
bien sur soop (l’opale) que sur soonyx (l’onyx).
En clair, en croisant classique par opale ou classique par onyx on obtient
des sujets porteurs mais qui ont tout à fait l’aspect de classique.
En revanche en croisant opale x onyx on obtient 100% de jeunes ayant
un aspect intermédiaire : ils n’ont pas le vrai aspect de l’opale,
pas le vrai aspect de l’onyx et ils sont complètement différents
d’un classique porteur. Ces sujets soop / soonyx ont l’aspect intermédiaire
du à la codominance entre soop et soonyx . Ils ne sont bien sûr
pas admis en concours (pas de standard). Souvent on les appelle opale +onyx
mais cela est faux ils ne sont pas l’addition de deux mutations distinctes
mais seulement l’action commune de deux allèles : on pourrait plutôt
les appeler opalonyx
en un seul mot.
Résultats d’accouplement, échiquiers de croisement
Entre topaze, chinchilla et ino
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Entre opale, opalonyx et onyx
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du C.C.C. |
techniques |
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